J’étais aux Pays-Bas et j’avais décidé de prendre quelques jours de repos après la conférence. Ma femme et moi allions vers le sud et regardions passer devant nous le plat pays de la Belgique et du Nord de la France. Nous étions en route pour rendre visite à des amis, puis pour nous promener le long des cafés et des plages immaculées de Nice. Mais, avant cela, il y avait quelque chose que nous devions faire. Nous devions aller vers l’ouest pour aller voir les plages de Normandie.
Là bas, parmi les plaques et les mémorials, les plages désolées et balayées par le vent, il était impossible de ne pas penser aux soldats qui avaient combattu pendant la deuxième Guerre Mondiale. Il y avait eu tant de frères d’armes qui se sont unis au nom de la liberté. Tant qui ne sont jamais rentrés. Nice semblait alors loin, très loin de la Normandie.
Je me suis mis à penser à la louange. Je me suis mis à penser que, comme la Normandie et Nice qui en quelque sorte réussissent à être en adéquation au sein d’un même pays, il y a tant de chemins qui mènent à la louange. Parfois il y a de la fumée, il y a des lumières, des milliers de visages et des tables de ventes dans le fond par lesquelles nous passons en allant à la voiture et en retournant à la maison. Ces concerts de louanges le vendredi soir sont de bons moments et je suis favorable à cela mais ce n’est pas ce dont nous avons besoin le dimanche. Le dimanche est quelque chose de tout à fait différent. Le dimanche c’est le temps pour un non-concert.
Même si je vis au Texas, j’ai l’habitude de passer du temps dans de petites églises. Quatre-vingt dix-neuf pour cent des gens que je rencontre viennent d’églises qui comptent 300 personnes ou moins. Pourtant, même si elles n’ont peut-être pas beaucoup de moyens, certaines d’entre elles pensent, quand le dimanche arrive, qu’elles doivent faire aussi bien que le concert de louange du vendredi soir.
Vraiment ? A-t-on vraiment besoin de faire cela, d’essayer de rivaliser ou de copier le concert ?
Voici la façon dont je vois cela : ces soirées de louanges du vendredi soir sont superbes et sont appréciées mais les dimanches matins sont différents. Les dimanches matins devraient ressembler à une étude biblique géante mélangée à un repas familial. À l’église les conducteurs de louange ne devraient pas se mettre la pression en faisant quelque chose de trop compliqué à la Las Vegas avec de la fumée et beaucoup d’éléments pour impressionner. Au lieu de cela, je pense que c’est mieux lorsque nous nous voyons un peu plus comme l’oncle d’une grande famille italienne, ou comme la matriarche qui appelle tout le monde à table. Notre rôle est de rassembler et de servir et non de divertir.
Nous sommes tout d’abord des pasteurs et non des musiciens. Nous sommes ici dans un but : aider les gens à se rapprocher de Dieu.
Mais, même si l’on utilise la musique et des visuels de différentes manières pour aider à ce que cela se produise, ce qui compte le plus le dimanche matin n’est pas le volume sonore ou le dosage de la lumière. Afin d’aider les gens à se rapprocher de Dieu, nous devons tout autant nous occuper des six jours qui précèdent notre temps de louange hebdomadaire que des 20 minutes que nous faisons entre les annonces et la prédication.
Pour moi une bonne partie de cela commence avec les Psaumes. Ils sont le vocabulaire de la louange et on ne peut faire mieux que de les sortir des pages pour les imprimer dans notre cœur. Prenez le temps d’être dans votre église si vous le pouvez, seul, et priez alors que vous louez. Regardez ces sièges vides, imaginez les gens qui vont s’y asseoir ; le couple qui a l’habitude de se mettre devant, la famille qui se met sur le coté, la poignée d’adolescents qui s’assoient toujours dans le fond. Imaginez-les, priez pour eux, ayez ces personnes dans votre cœur de façon pastorale.
Le dimanche, le but du conducteur de louange n’est pas d’enchaîner nos quatre chants sans erreurs. Le but est que lorsque nous regardons au delà du microphone nous ne voyons pas seulement l’église mais un groupe de personnes pour lesquelles nous avons prié toute la semaine.
Bien sûr nous ne leur disons pas que nous faisons cela mais nous le faisons tout de même. Et même si ça a l’air artificiel à première vue, en faisant cela c’est comme si nous nous mettions à la place de Jésus quand Il regardait Jérusalem et pleurait. On ne peut pas se forcer à pleurer mais on peut humilier nos cœurs et demander à Dieu d’avoir de l’empathie pour que nos cœurs soient brisés par les choses qui brisent le cœur de Dieu. Quand on est dans cette attitude, de quoi devrions nous nous inquiéter à part que l’on ne chante pas dans la bonne tonalité ou que l’on ne réussisse pas une certaine modulation ?
Quand on aborde la conduite de la louange de cette façon, on va vouloir déplacer les barrières invisibles qui semblent souvent séparer le groupe et l’assemblée. Si nous avons prié pour ces sièges vides pendant la semaine, nous les verrons remplis avec les gens que l’on a eu à cœur. Ainsi, comment ne pouvons nous pas nous sentir comme une famille ?
Je pense que c’est une chose à laquelle je suis devenu sensible depuis ces années. Je suis un musicien ordinaire, assez bon je suppose, mais je n’ai pas la portée vocale ou le charisme qu’Israel Houghton, Phil Wickham ou Martin Smith ont. Les gens de mon église sont principalement missionnaires et font des choses dont personne n’a jamais entendu parler. C’est une grande chose si j’écris quelques chants ou fais des albums. C’est un bon point pour moi.
Depuis le début j’essaye de m’en tenir à écrire des chants qui sont de simples prières que notre église peut chanter. Je prends ce que j’entends dans les prédications de notre pasteur ou peut-être dans nos réunions de prières et j’essaye d’écrire un simple refrain ou un chant qui renforce là où nous en sommes en tant qu’église. »Ouvre les Yeux de Mon Cœur » n’est pas venu comme ça quand j’essayais d’écrire un chant sympas. C’était une phrase que nous avons prié pendant nos soirées de louange et de prières. Nous demandions à Dieu d’envoyer Sa puissance et de nous aider à Le voir agir. Là encore c’est l’image d’une famille : l’idée que nous marchons tous ensemble en tant que communauté. Notre rôle est de servir et de garder les gens ensemble et regardant à Dieu alors qu’ils passent à l’étape suivante.
Il y a une dernière chose que cette façon de voir la louange fait pour nous. Cela nous garde contre le fait de juger rapidement. Ce n’est pas notre rôle de faire la police de la louange et de décider ce qui est et ce qui n’est pas de Dieu. J’ai remarqué que, soyons honnêtes avec nous-même, nous dressons souvent nos propres préférences dans un type de langage concernant Dieu. Nous avons dit que Dieu aime ça … ou que Dieu n’aime pas cela … Je ne suis pas vraiment sûr que Dieu fasse tant que ça attention au style musical de notre louange, mais je suis convaincu qu’Il prête attention aux cœurs de ceux qui la font.
Pour en revenir à la France et aux plages de Normandie, je pensais à la façon dont les soldats se sont unis pour combattre. Toutes ces origines différentes (race, religion, géographie), tant de choses qui auraient pu les séparer mais malgré cela ils étaient unis autour d’un but commun. Ils étaient là bas pour défendre les plages et donner leurs vies au service d’un plus grand bien.
Pourrions-nous faire cela aussi ? Si nous nous voyions comme des serviteurs unis par un même but, sans être divisés par un style ou séparés par l’estrade, Dieu ne pourrait-Il pas accomplir bien plus que ce dont nous avons toujours rêvé ?
Traduit par Camille Hartmann (Source WeAreWorship.com)